Pourquoi la rénovation urbaine ? Jacques Donzelot a entrepris un tour de France des cités, qui l’a conduit successivement à Bordeaux, Strasbourg, Lyon, Rouen, Marseille, Grenoble et Villiers-Le-Bel, notamment. Cette déambulation dans les banlieues de la plupart des grandes villes de France montre que l'enjeu des politiques qui y sont conduites ne consiste pas seulement en la correction d'une erreur localisée (les grands ensembles, fruit de l'urbanisme hâtif de l'après guerre) mais qu’on y voit de manière plus manifeste qu'ailleurs la transformation affectant la relation entre ville et citoyenneté. Dans les années 1950 et 1960, les cités de grands ensembles fournissaient une illustration de la citoyenneté sociale visant à compenser ainsi le caractère trop formel de la seule citoyenneté politique. Depuis les années 1980, il y va, avec les politiques dites de la ville ou de rénovation, d'un nouveau souci: celui de compenser les insuffisances de cette citoyenneté sociale, à raison de l'exigence de mobilité spatiale et de connexion sociale. D’où le rôle décisif que joue le tramway dans bon nombre de ces exemples de rénovation. A Strasbourg, Grenoble ou Bordeaux, il a ainsi été l’un des facteurs de désenclavement de cités périphériques, engageant la ville dans une dynamique qui cherche à associer tous ses habitants. Ailleurs, les opérations de rénovation urbaine sont parfois l’occasion d’une collecte mémorielle, qui restitue aux habitants la part patrimoniale qui leur revient comme à Rouen, par exemple. On appellera citoyenneté urbaine cette préoccupation dont les cités montrent plus particulièrement le besoin et donnent à voir la nouveauté par opposition à l'esprit qui avait présidé à leur fondation.