Le 28 novembre 1968, elle quitte Nieuwpoort avec François Cheverry, pour un voyage de quelques mois en direction des Antilles. Alors qu’elle se demande, l’angoisse au ventre, si le monde de la mer va lui plaire, elle a sa réponse dans le golfe de Gascogne, au premier coup de vent : elle éclate de rire: « j’aime la vie en bateau, y compris le mauvais temps ».
Elle rejoint la Martinique, où elle retrouve Loïck Fougeron, contraint d’abandonner son tour du monde sans escale. Pour alimenter la caisse de bord, ils transportent des citrons d’une île à l’autre, ou font quelques charters. Pendant cette escale de quatorze mois (elle était partie pour quatre mois), à l’encontre des principes de Moitessier, elle scie le pont de son bateau pour y installer un panneau d’aération, et supprime la chaîne de sous-barbe. La jeune femme s’affirme et se rend bien compte que son programme n’est pas le même que celui pour lequel Bernard Moitessier avait conçu son propre bateau… Elle passe le canal de Panama, et rejoint les îles Galápagos en solitaire, lieu qu’elle avait toujours rêvé d’atteindre. Elle y rencontre George, un Américain qui voyage sur son bateau, Morning light. Ils y naviguent bord à bord dans l’archipel, découvrant sa nature d’une rare richesse, avant que George ne continue vers la Californie.
En 1970, alors qu’elle s’apprête à repasser le canal de Panama, elle rencontre Don Nealey, un autre navigateur solitaire, qui vit sur un Vertue, petit voilier en bois de 7,70 m, nommé Kawan. Après une séparation difficile et le passage du canal, Nicole van de Kerchove retrouve Herman, un ami venu pour la traversée de l’Atlantique. Cependant, elle vire lof pour lof, repasse Panama, et fait route avec lui vers les Galapagos pour rejoindre Kawan au mouillage de San Cristo. Ils se marient à Tahiti, Kawan est vendu, et Nicole accouche d’une petite Sabrina.
La famille suit ensuite la route des alizés : Samoa, Fidji, Nouvelle-Zélande (où elle retrouve Bernard Moitessier, déjà croisé à Tahiti), puis la Nouvelle-Calédonie. Viennent ensuite les îles Kermadec et le difficile cap de Bonne-Espérance, et le chemin vers l’Europe, île Sainte-Hélène, les Antilles, et les Açores.
À son retour en Europe, en 1975, Nicole van de Kerchove, partie à l’origine pour quatre mois vers les Antilles, revient au bout de sept ans avec une famille, un tour de monde dans la poche, et un livre à écrire. Ce sera Sept fois le tour du soleil. Au dos de ce livre, on peut lire: «C’est la première fois qu’une femme se lance dans le tour du monde à la voile toute seule sans y être plus ou moins entrainée par son mari ».