Galatynn et Doucelance se sont rencontrés au cours de la dernière bataille menée par le prince Howel. De retour dans son domaine, Galatynn écoute son amant Doucelance, Celui-ci lui fait le récit de sa vie aventureuse mais il prend son temps. Il sait qu'à la fin de ses histoires, il devra honorer l'engagement qu'il a fait à Galatynn et se donner à lui. Cette perspective l'inquiète un peu et il entre dans une foule de détails pour remettre indéfiniment le moment où il lui appartiendra. Mais Galatynn n'est pas dupe de son manège. Simplement il s'en amuse.

Après quelques semaines passées ensemble et alors que les deux hommes semblent s'entendre à merveille, Doucelance décide de partir. Il tombe entre les mains de son ennemi, le duc de Vaulon.

Extraits : "- Doucelance, dit-il en caressant mes lèvres de ses doigts, tu sais bien que tu vas y passer tôt ou tard. Alors pourquoi pas tôt ?
- En effet, pourquoi pas ? lui répondis-je en gage de bonne foi. Cependant, tu m'as demandé de te raconter ma vie, et je m'y emploie, mon ami, je m'y emploie."

"Deux jours avant le début du tournoi, les deux fils du comte arrivèrent au château. L'aîné, Léonidor était un grand chevalier à l'allure noble. Il apparût dans mon champ de vision au moment où je finissais de démolir consciencieusement le poteau d'entraînement avec mon épée à deux mains. Il eût un sourire indulgent en me voyant si enragé puis passa son chemin. Je m'étais interrompu et le regardai, les yeux levés sur lui qui me dominait sur son puissant destrier de guerre. Il m'avait fait une forte impression. C'était comme un chevalier de légende qui avait traversé mon espace. Il avait des yeux bleus clairs à se damner et une belle chevelure dorée comme les blés. Son armure bien lustrée rutilait sous le soleil.

À côté de lui, son frère Garmant faisait figure de copie brouillonne. Certes, il avait également les cheveux blonds mais d'un blond crayeux loin de l'éclat de ceux de son frère. Il avait surtout une lueur mauvaise dans le regard qui n'inspirait franchement pas la sympathie immédiate. Je détournai rapidement mon regard de la copie ratée pour poursuivre mon examen du frérot, le lumineux Léonidor. Celui-ci venait de confier les rênes de son cheval à un écuyer après être descendu de sa monture avec une grâce sans pareille et ce, malgré le poids de son armure. Peu après, les deux fils du duc entraient dans le donjon et disparaissaient à ma vue."

"- Non mais faites comme si je n'étais pas là et pas concerné par la conversation ! Je suis là et je suis concerné, criai-je de frustration.
- Il est un peu sonore aussi, dit Galatynn.
- Je ne suis pas sonore, dis-je. J'ai une belle voix grave et j'aime bien la faire entendre.
- Et j'aime bien l'entendre aussi, confia Galatynn. Même quand tu cries, surtout quand tu cries, dit-il en m'adressant un clin d'œil paillard.
- Oh, bordel, fis-je.
Son allusion avait envoyé au sud de mon anatomie un pressant et insolent désir. Je rougis.
- Il rougit beaucoup, expliqua mon compagnon.
- Je vois ça, dit le prince... "

"Il continua.
- Attachez-le à ces chaînes.
Il désignait un pan de mur gris pas très engageant si on considère qu’il portait encore des traces sanglantes par petites touches écarlates. Du sang frais en plus.
- Vous auriez pu nettoyer, dis-je en bravant encore mes geôliers et futurs tortionnaires.
Ils me plaquèrent contre ce mur répugnant et ajustèrent les chaînes autour de mes poignets et de mes chevilles pour que je reste immobilisé et bien droit.
- Ouais, on aurait pu, dit Garmant, mais on a pensé que c’était pas la peine vu que ça allait être resali aussitôt.
Je n’aimais pas trop ces paroles sur le coup. Et encore moins l’approche silencieuse du bourreau muni de pinces coupantes. Et encore vraiment mais vraiment moins ce que Garmant ajouta avec un sourire cruel fiché sur son visage..."