Le Caire, 2008. Toutes les preuves sont là, dans cette vieille serviette couverte de poussière. Jamais la trace d’Aribert Heim n’aurait été retrouvée si deux journalistes n’avaient repris l’enquête de zéro. Le mystère du boucher de Mauthausen, celui qu’on appelait aussi « Docteur La Mort », aura duré plus de soixante ans.
En 1942, Heim était l’un des médecins du camp. Plusieurs témoins l’y ont vu commettre des actes d’une barbarie insoutenable. Reconnaissable entre tous, par sa beauté, sa taille et sa force herculéennes, cet ancien champion de hockey, brièvement inquiété, continue impunément, après la guerre, à exercer la médecine. Jusqu’au jour où, sentant venir le châtiment, il quitte femme et enfants, puis disparaît. Il est alors recherché jusqu’en Amérique latine, mais demeure introuvable. Ses poursuivants – Alfred Aedtner et Simon Wiesenthal – ne penseront jamais à l’Égypte. C’est pourtant là qu’il vivra pendant près de trente ans – aimé des enfants du quartier, de ses amis musulmans, de son fils ignorant et complice – et qu’il mourra, en éternel nazi.
Cette enquête au long cours, qui se lit comme un roman noir, est la reconstitution de ce trajet hors normes – celui d’un homme jamais repenti, symbole d’une mémoire allemande toujours à vif.